Méthodologie de thèse à l’insertion professionnelle des docteurs en SHS

Nicolas Bremand, insertion professionnelle,

Nicolas Brémand est intervenu au séminaire de l’École Doctorale Cognitive Éducation Interactions : « Partage d’expérience : de la méthodologie de thèse à l’insertion professionnelle des docteurs en SHS » (intervention en 180 secondes),  Maison des Sciences de l’Homme de Nantes, 21 septembre 2016.

Table des matières

Insertion professionnelle : Partage d’expérience

Le but de ce séminaire était de partager des expériences de recherche dans plusieurs domaines. Ainsi, les doctorants en science de gestion, en droit, en histoire ou en informatique ont pu échanger sur leurs différentes méthodes de travail (insertion professionnelle). Certaines disciplines s’appuient sur l’expérimentation comme c’est le cas pour l’informatique. D’autres, nécessite une pratique différente notamment à travers l’étude empirique. Enfin, d’autres disciplines mobilisent l’analyse documentaire  comme l’histoire.

Afin de mieux interagir, le format de l’intervention était celui d’un exposé très court de 180 secondes par intervenant (insertion professionnelle). Le concept est de pouvoir, en trois minutes, faire comprendre à tous les autres intervenants issus de différentes disciplines, son objet de recherche. Cet exposé clair et concis sur son sujet de recherche s’effectuait donc devant un auditoire « profane » et diversifié. Cet exercice original et périlleux a un intérêt double. D’une part, il permet de rendre accessibles ses recherches au plus grand nombre. D’autre part, c’est un entraînement intéressant pour la prise de parole et la présentation orale de ses travaux de recherche. Trois critères d’évaluation étaient pris en compte dans l’exercice : la vulgarisation, la communication et la passion.

nicolas bremand affaire

Insertion professionnelle : Méthodes de thèse

Mon intervention s’intitulait « l’étude juridique du marché unique numérique : une méthode empirique pour une visée pragmatique ». Le droit peut avoir une approche empirique, car il a comme source la jurisprudence qui s’appuie sur l’expérience et l’observation. En effet, la jurisprudence est l’application du droit à une situation concrète ou à un litige entre deux parties. Ce sont les juges qui interprètent le droit pour l’appliquer d’une manière concrète à une situation explicitement prévue ou non prévue par la loi. Le marché unique numérique par sa nature est omniprésent et ne peut pas être abordé autrement que sous l’angle du pragmatisme. C’est pour cela que l’étude juridique sur le numérique impose une vision pratique du droit.

D’autres disciplines s’appuient sur une approche empirique, et c’est notamment le cas des sciences humaines et sociales, et plus précisément de la sociologie et des sciences and technology studies. Si la méthode hypothético-déductive en sociologie implique la construction d’une hypothèse avant la pratique de l’enquête de terrain afin d’en vérifier la validité, la méthode inductive quant à elle offre une place centrale à l’empirisme puisque tout part du terrain et des observations. Celles-ci peuvent notamment émerger de différents types d’observation. L’observation directe consiste à aller directement sur le terrain pour observer la manière dont des acteurs interagissent, par exemple, alors que l’observation dite participante engage de la part du chercheur de s’immerger complètement dans son terrain pour y prendre part de manière active pour l’observer. L’entretien (exploratoire, semi-directif ou libre) est un autre outil mobilisé dans cette approche empirique puisqu’il permet d’interviewer les acteurs concernés par l’étude.

La comparaison et l’échange sur les différentes méthodes est toujours enrichissant.

Qu’est-ce qu’une thèse en droit ?

La thèse en droit peut se définir de plusieurs manières. Il s’agit tout d’abord d’une étape indispensable pour une formation académique. Il peut aussi tout simplement s’agir de la valorisation d’une expertise dans un domaine spécifique. On parle alors de thèse praticienne ou professionnelle. Dans tous les cas, il doit s’agir d’une œuvre originale. A la différence du mémoire qui vise souvent à évaluer la capacité de synthèse d’un étudiant, la thèse vise à montrer non seulement la capacité d’analyse de son auteur mais aussi son aptitude créatrice.  Une thèse c’est d’abord avoir un point de vue, une approche novatrice sur une question. Ensuite, contrairement à l’idée reçue une thèse est avant tout une œuvre de jeunesse et pas l’œuvre de toute une vie. Elle marque le point de départ de la vie du chercheur et n’est pas que l’aboutissement de sa recherche à un moment donné. Enfin, une thèse est un document formellement formaté. La plupart des écoles doctorales fournissent en principe les caractéristiques formelles que doivent remplir une thèse (nombre de pages, rubriques, mode de citation, etc.) Il faut donc dès le départ être bien conscient de ces pré-requis.

Qu’est-ce qu’un chercheur en droit ?

L’image classique du chercheur n’est pas celui du chercheur en droit, mais celui du chercheur en Sciences qui trouve une nouvelle planète, un vaccin pour guérir une maladie, ou d’un ingénieur qui invente un prototype. Un chercheur en droit est davantage une personne qui cherche à comprendre les questions que celui qui connaît les réponses. Sans doute parce qu’en droit plusieurs réponses peuvent être apportées pour résoudre une même question. L’utilité de la recherche en droit est d’offrir notamment aux politiques différentes clefs pour répondre à certaines difficultés, voire parfois de mettre en avant l’existence d’enjeux juridiques négligés, de prendre de la hauteur en comparant les systèmes dans le temps et l’espace, en soulignant les incohérences, les idées reçues. Les qualités d’un bon chercheur en droit sont alors tout autant la curiosité, la rigueur, la persévérance que l’ouverture, la patience et l’humilité.